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 Anciens topics Sonny + Silver

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Marylou Odair

Marylou Odair


Bavardages : 298
Âge : 25 y.o.

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MessageSujet: Anciens topics Sonny + Silver   Anciens topics Sonny + Silver Icon_minipostedSam 19 Oct - 8:59

Il me semble qu'Amandine avait changé le prénom de Silver en Daisy par la suite !

Elle m'a touché, c'est foutu [R.]


Sonny Fitzgerald a écrit:
Silver & Sonny

Retrouver la maison familiale, ses parents et même la ville faisait un bien fou à Sonny, plus qu’il ne l’aurait imaginé. Cependant, il s’était vite rendu à l’évidence : la ville s’était transformée, l’ambiance qu’il lui avait connue n’était plus tout à fait la même. Au lieu de se plaindre de ces changements, Sonny les accueillit avec le sourire. « Papa, Maman, je sors. » cria-t-il, depuis le bas des escaliers, à l’adresse de ses parents. Il avait beau avoir vingt-sept ans et avoir vécu quelques années loin de la maison familiale, il ne pouvait s’empêcher de se sentir enfant lorsqu’il rentrait ici. Les habitudes d’adolescent jusqu’ici enfouies au plus profond de son être ressortaient aussitôt, comme si elles n’avaient jamais été oubliées. Il y avait de quoi rire, je vous l’accorde. Pourtant, Sonny trouvait cela normal. Saisissant les clefs de sa voiture qui traînaient sur le meuble de l’entrée, il sentit très vite l’air frais sur son visage. Une sensation qu’il n’avait pas beaucoup sentie lorsqu’il était dans l’état du Michigan, à l’université. Plus souvent la tête dans ses livres qu’autre chose, il n’avait pas profité de l’extérieur, se contentant sans problème de sa chambre. Obtenir son diplôme n’avait pas été seulement un rêve atteint pour Sonny, cela lui avait aussi permis de renaître et de contempler le chemin accompli avec une certaine satisfaction. Retourner chez ses parents était un besoin : c’était en famille que l’on partageait une réussie ; c’était dans sa ville d’origine que l’on retrouvait les plaisirs de la vie quotidienne.

Au volant de sa voiture, Sonny contemplait ici et là les nouvelles maisons qui avaient été bâties durant son absence, les commerces qui avaient ouverts ou encore les choses qui n’avaient pas changé, comme s’il n’était jamais parti, comme si le temps les avait figé dans l’attente de son retour. Cela le rassura. Balayant la ville du regard, le jeune homme fit la plupart des rues jusqu’à déboucher sur le nouveau fast-food. Comme si son ventre avait attendu cet instant avec impatience, il fit comprendre à Sonny qu’il était temps de s’arrêter pour manger. Alors, sans attendre, le jeune Fitzgerald se gara sur le parking puis entra dans le nouveau restaurant. La décoration était sympathique et le sourire que lui adressa la serveuse l’invita fortement à passer commande. Hamburger et frites, le genre de repas qui avait toujours réjoui le jeune homme. Son plateau à la main, il repéra une table libre dans un coin. Parfait, il pourrait sortir son petit calepin à dessins sans qu’on le regarde d’une manière insistante et étonnée. La serveuse était très jolie dans son genre, et dessiner son portrait lui démangeait les doigts. Marchant droit devant lui, avec la ferme intention de gribouiller quelque chose, Sonny aperçut le visage d’ange de Silver. Là, assise à une table, juste à côté de celle qui lui avait fait de l’œil quelques instants auparavant. Que faire ? Quoi dire ? La panique s’empara de Sonny.

Silver lui faisait toujours cet effet-là car ses sentiments amoureux étaient bien présents. Il n’y avait aucun doute à ce sujet-là, Sonny l’aimait. Son côté sauvage, la douceur des traits de son visage, ses courbes parfaites, sa façon de lui répondre et d’agir. Tout en elle l’enflammait. Sentant rougir doucement ses joues, le jeune Fitzgerald manqua presque de faire tomber son plateau. Silver ne l’avait guère remarqué, dieu merci. La serveuse, par contre, lui lança un regard interrogateur, suivi de quelques mots. « Tout va bien ? » Hochant simplement la tête, Sonny reporta aussitôt ses yeux de Silver. Et merde, voilà que la jeune femme l’avait désormais remarqué, suite à la question inquiète de la serveuse. Il ne pouvait plus reculer, il lui fallait faire un choix, et vite. Alors, prenant son courage à deux mains, il s’avança jusqu’à Silver. Un sourire timide sur les lèvres, il lui demanda. « Je peux m’asseoir ? Ou tu attends quelqu’un, peut-être ? » Debout devant elle, plateau à la main, il se sentait quelque peu idiot.
Silver a écrit:
Plongée dans Huis-Clos de Jean-Paul Sartre pour la centième fois (au bas mot), Silver était complètement coupée du monde extérieur. Plus rien ne comptait en-dehors de cette pièce en apparence simpliste mais à la mécanique implacable. Ces personnages confrontés à leurs actes, hantés par leur culpabilité pour l'éternité lui parlaient plus que de raison. La morale derrière les phrases accessibles et fluides de Sartre devenait aussi troublante que criante de vérité et depuis toujours, la slave se sentait étrangement connectée à cette oeuvre. Et pas uniquement parce qu'elle acquiesçait derechef lorsque quelqu'un affirmait que l'Enfer c'était les autres. Plutôt parce qu'elle aussi traînait un lourd fardeau et qu'à l'instar des héros de la pièce, rien ne le laissait paraître. Ses yeux parcouraient sans effort les pages en français de son ouvrage, tandis que la slave picorait de temps à autres une frite, sans même lever la tête ou ôter son regard perçant du livre. Le carillon de l'entrée ne troubla pas le moins du monde sa lecture et Silver aurait pu rester ici encore des heures sans notifier la présence de Fitz, pourtant la seule personne dans cette ville pour qui elle ne ressentait pas un mépris certain ou une profonde indifférence. Bien qu'elle se demandait encore ce qui pouvait la pousser à rester à Sand Valley uniquement parce qu'il s'y était arrêté. En règle générale, lorsque le conducteur arrivait à destination, la belle blonde se contentait d'y passer une ou deux nuits avant de reprendre la route. Elle n'avait aucune idée du lieu où elle pourrait arrêter de fuir. Sand Valley sonnait simplement juste. Mais cette affirmation loufoque et déraisonnable s'effaçait ces derniers temps... Ce village n'arrangeait rien parce que Silver ne faisait aucun effort. Elle avait conscience de son incapacité à évoluer et ressentait un blocage dès qu'elle tentait. Comme si le fait de tâcher de faire des efforts sur elle-même pour changer ou tout du moins s'adapter à un monde qui ne se plierait jamais à elle lui rappelait son échec le plus tonitruant : Aaron. Il était parvenu à déverrouiller quelque chose en elle avec le temps, ce grand niais bouclé dégingandé. Mais tout ce travail avait été anéanti et la slave retint la leçon : la seule fois où elle avait tenté d'entrer dans un moule, d'être plus 'normale' (même si la notion de normalité n'était qu'une grossière connerie), cela l'avait desservie.

Ce fut la voix aiguë de la serveuse qui la tira soudainement du cocon dans lequel elle s'était plongée. Pensant un instant qu'elle s'adressait à elle, Silver releva un regard désabusé et peu avenant sur sa silhouette... avant de remarquer Sonny, à ses côtés. Alors qu'il s'approchait de sa table, elle lui décrocha un genre de sourire. Bon, c'était davantage une semi-esquisse un peu faiblarde mais la jolie blonde n'était pas connue pour posséder un sourire lumineux ou un visage expressif. « Tu connais déjà pertinemment la réponse. » se contenta-t-elle de répliquer, sa réponse fusant d'une traite. Bien que Silver restait très pince-sans-rire en toutes circonstances et semblait incapable de franche rigolade, son ton en compagnie de Fitz était moins corrosif qu'avec le reste du monde. Il déclenchait parfois en elle une espèce de tendresse un peu maladroite avec ses grands yeux de biche ou ses sourires communicatifs et en sa présence, elle oscillait toujours entre agacement (feint ou non) et attendrissement. En tout cas, elle ne mentait pas : sans la connaître profondément elle ou son lourd passé, Sonny eut le temps de comprendre comment elle fonctionnait. A savoir, en solo. Le fait qu'elle puisse attendre quelqu'un semblait donc saugrenu. Silver le regarda prendre place en face d'elle et ne sut pas quoi ajouter. C'était ridicule parce que normalement, elle ne se forcerait pas à parler. Encore moins à chercher quoi dire. Elle se contenterait de le fixer de sa manière un peu flippante en attendant qu'il l'ouvre ou parte. Mais, elle se sentait toujours un peu redevable et comme il n'avait pas accepté son moyen de payer sa dette... Réduire ce qui la pousser à faire des efforts avec lui à un sentiment de devoir quelque chose était peut-être lâche mais la jolie blonde ne s'en rendait pas compte. Elle avait cette facilité à occulter tout relent d'émotion qui pouvait l'envahir, à force d'être habituée à ne rien ressentir. En réalité, derrière son masque détaché, Silver appréciait Fitz à sa juste valeur. Il était un homme bon, vraiment. Son total opposé et malgré que rien ne les prédisposait à ça, les moments passés à ses côtés avaient été agréables. Même si ce lien tenu qui les unit durant leur trajet se relâchait quelque peu. Par sa faute, bien sûr. Elle le savait pertinemment mais la blonde ne comptait pas s'immiscer dans sa vie bien rangée. Sentant qu'il était peut-être temps de réduire à néant le silence qui gênait sûrement Sonny, elle posa sur lui un regard suspicieux avant de l'interroger de sa voix douce : « Comment tu fais pour te plaire ici, à Sand Valley ? » Sa question pouvait paraître déplacée ou incongrue mais pourtant, c'était sincère. Silver ne comprenait pas comment quiconque pouvait s'épanouir ici, surtout lorsqu'on avait les ambitions de Fitz (dont elle avait tendance à se moquer. Le fait qu'il veuille tant aider les autres lui semblait tellement saugrenu)...
Sonny Fitzgerald a écrit:
La tête penchée vers son livre, Silver était plus belle que jamais. Sa chevelure blonde tombait gracieusement sur ses fines épaules. Ses cils battaient en cadence et ses yeux, dans lesquels Sonny aimait plonger les siens, mouvaient de gauche à droite doucement, au rythme de la lecture. La scène était parfaite, magique et inspirante. Elle mériterait bien un petit dessin. Cela sonnait comme une évidence. Les doigts qui commençaient à le démanger, Sonny continua à contempler Silver, sa façon d’être, de se tenir et d’être dans son monde. Il buvait chacun de ses mouvements. Son cœur battait la chamade et lorsque la jeune femme découvrir sa présence, fit un saut. Elle n’attendait personne. Bien sûr qu’il s’en était douté, mais la crainte de voir un autre homme la rejoindre, fasciné par le joli minois de la blonde, s’était faite plus forte que la certitude. Après tout, Silver était séduisante et devait faire des ravages régulièrement ; peut-être avait-elle rencontré un homme mieux que lui, plus drôle et plus… comme elle… différente. Chassant cette pensée de son esprit, Sonny s’assit, d’un geste mal assuré, en face de Silver. Le jeune Fitzgerald ne prit pas la peine de lui répondre. A quoi cela servirait-il ? Il avait appris, peu à peu, à la découvrir et même si un large mystère régnait encore autour d’elle, il savait qu’elle ne supportait pas de perdre son temps dans une conversation sans intérêt. D’ailleurs, elle ne tarda pas à se replonger dans son livre. A cet instant précis, Sonny aurait donné n’importe quoi pour que ce soit lui qui la fascine autant, et non ces pages froissées, d’un auteur sans nul doute déjà mort. L’espoir faisait vivre après tout, et à sa manière, Silver avait redonné un sens à la vie trop lisse de Sonny.

Très rapidement, le silence s’empara de l’espace. Les yeux rivés sur le visage fascinant de la blonde, Sonny en avait presque oublié le plateau qui traînait devant lui. Lorsque son corps lui rappela le vide de son estomac, le jeune homme prit conscience des faits : il était venu ici pour manger et il était temps pour lui de retrouver la Terre ferme. Mettant un terme à ses pensées et à sa folle envie de sortir son carnet à dessins pour gribouiller le portrait de Silver, Sonny se saisit de son hamburger et le porta à sa bouche. Malheureusement, c’est à ce moment précis où Silver posa son regard sur Sonny, croquant à pleines dents dans le morceau de pain gras et dégoulinant de sauce. Entièrement, il s’en voulut infiniment. La question de la jeune femme manqua de le faire s’étouffer. Celle-ci n’était pas tant gênante mais elle était plutôt mal venue. Lorsqu’il eut terminé de manger sa première bouchée, il reposa délicatement l’hamburger, se saisit d’une serviette et s’essuya rapidement la bouche et les doigts. Non, vraiment, ce n’était pas élégant du tout et sans nul doute que la jeune femme regrettait d’avoir accepté sa compagnie. Il se retient d’ailleurs de lui demander si elle préférait qu’il change de table et se rappela que son interrogation était encore sans réponse. « Je… Tu sais, je suis très attaché à mes origines. Il n’y a qu’à Sand Valley que je me sens vraiment chez moi. C’est comme ça, cela ne se commande et ne s’explique pas. C’est peut-être stupide pour toi, et tu as sans doute raison… mais je suis persuadé qu’avec un peu de temps, tu tomberas toi aussi sous le charme de cette ville. » Le vœu le plus cher de Sonny, actuellement, serait que la jeune femme décide de s’installer à Sand Valley et reste avec lui, longtemps, suffisamment longtemps pour qu’elle finisse par l’aimer, elle aussi. Il espérait au fond de lui que la ville finisse par plaire à Silver pour retarder son départ. « Qu’est-ce que tu lis ? » ajouta-t-il, curieux et désireux de découvrir les goûts littéraires de la jeune femme qui faisait tant battre son cœur.
Silver a écrit:
Effectivement, Silver trouvait ce raisonnement stupide. Elle était persuadée de ne jamais tomber sous le charme inexistant de cette morne bourgade. La seule chose qui la retenait pour l'instant,  c'était Sonny pour une raison étrange sur laquelle elle ne parvenait pas à mettre un mot. Même en essayant, ça bloquait. La slave sentait quelque chose se verrouiller fermement en elle dès qu'elle tâchait de mettre fin à cette interrogation. C'est pourquoi elle cessa bien vite d'y songer et se contentait d'affirmer que Sand Valley ou ailleurs, l'équation demeurait la même. Néanmoins, derrière cette attitude de dénigrement de l'attachement déraisonné de Sonny pour Sand Valley, la belle slave dissimulait autre chose. Cette espèce de prise de conscience qui vous frappait lorsque vous vous y attendiez le moins : Fitz eut sûrement le temps de discerner un très léger trop voiler ses yeux gris un instant avant qu'elle ne retrouve toute sa superbe et sa maîtrise d'elle-même assez impressionnante... Silver ne se sentait chez elle nulle part. Depuis toujours. Jamais elle ne ressentit le sentiment d'appartenance que Sonny lui dévoilait en ce moment avec tant d'enthousiasme. Jamais. La belle blonde n'avait pas d'attaches certes, mais c'était sans doute bien plus fort que cela. Nul endroit sur Terre ne la rendait meilleure. Nulle ville ne lui donnait envie de s'y installer pour de bon, de laisser tomber ses barrières et de tenter de vivre une existence moins décousue et en filigrane. Si ce constat la laissait de marbre en temps normal, la présence de Fitz à ses côtés agissait comme un catalyseur et rendait le tout beaucoup plus difficile à supporter. L'ascendance qu'il parvenait à avoir sur sa personne sans s'en douter était dérangeante. Silver aurait aimé couper à leur conversation et même à ce semblant de relation mais à vrai dire, ressentir quelque chose, même un truc minime, s'avérait rassurant. « A ta place, je ne me ferais pas trop d'illusions. » commença-t-elle de son éternelle voix suave mais du ton plus badin, presque railleur qui la caractérisait lorsqu'elle s'adressait à Sonny. Une frite picorée avec une indifférence palpable plus tard, elle renchérit d'un ton particulièrement détaché et anecdotique. Ponctué d'un haussement d'épaule plutôt parlant.  « Sand Valley n'est pas davantage chez moi que Vinnista, Washington, Portland, Moscou ou Londres. » Sa phrase resta en suspens alors que Silver esquissait un demi-sourire en coin. Elle aurait pu poursuivre pendant longtemps, en énumérant chacune des villes qui l'avait accueillie un temps. Aucune ne lui avait offerte l'illusion. Les yeux plongés dans ceux de Sonny, la slave allait ajouter qu'il ne s'épanouirait jamais ici et qu'il valait bien mieux que ça mais n'en eut pas le temps parce qu'il reprit la parole.

Elle reposa ses yeux sur la couverture élimée de son livre, le couvant du regard. Elle n'aimait pas vraiment partager ce genre de confessions : si rien chez elle n'était calculé, ses lectures au contraire se révélaient tout, sauf anodines. « Huis-Clos, de Sartre. » Après un dernier regard à l'oeuvre, elle le fit glisser délicatement jusqu'à Sonny, sans quitter le garçon des yeux un seul instant. Silver n'était pas matérialiste, capable de tout quitter sans un regard en arrière alors se délester d'un livre ne lui coûtait pas. Néanmoins, elle était bien trop égoïste pour offrir quelque chose et ce geste envers Sonny signifiait quelque chose. « Tu devrais le lire. Si après ça tu conserves ton humanisme écoeurant, je ne pourrais plus rien pour toi. » Selon elle, Huis-Clot offrait une vision profondément objective des êtres humains : lâches et méprisables. Le fait que Fitz puisse les défendre avec autant d'ardeur l'avait toujours plus ou moins étonnée. Plus que moins, d'ailleurs.
Sonny Fitzgerald a écrit:
Penser que Silver puisse se plaire à Sand Valley était insensé. Pourtant, Sonny y croyait dur comme fer. L’amour le rendait légèrement aveugle sur le véritable caractère de la jeune femme. Pour lui, son physique lui faisait penser à un ange, tombé du ciel dans un but bien précis. Après tout, il l’avait croisé au bord d’une route, seule, perdue. Il était tombé sur elle et l’avait amené jusqu’ici. Cette rencontre était particulière et quelque chose en elle poussait Sonny à croire que le destin avait mis sur sa route Silver pour une bonne raison. Stupide dites vous ? Sans doute, mais c’était du Fitzgerald tout craché : l’espoir le faisait vivre, l’amour aussi. Quant au caractère de la jeune femme, Sonny en était tout bonnement tombé amoureux. Certes, elle n’était pas facile à vivre et un mystère total planait sur elle. Son regard était indéchiffrable et elle ne lâchait peu souvent des informations la concernant. Mais tout ceci ne faisait qu’accentuer les sentiments de Sonny à son égard. Elle était différente des autres femmes, elle avait une personnalité unique en son genre qui fascinait tout bonnement le jeune homme. Il l’aimait pour tout ce qu’elle dégageait mais aussi pour sa répartie. Tout en elle lui plaisait, cela ne se contrôlait pas. Il n’était donc pas surprenant de voir Sonny espérer la voir rester avec lui à Sand Valley. Il espérait qu’elle ouvre les yeux sur la véritable nature de ses sentiments. Il souhaitait qu’elle partage les mêmes à son égard. Il rêvait de lui apprendre la vraie valeur de la vie et lui faire découvrir ce qui le passionnait tant. Oui, ils étaient différents et un gouffre les séparait. Mais très souvent, Sonny se plaisait à croire que les attirés s’attirent. C’était tellement plus intéressant. Et la difficulté ne faisait qu’enflammer davantage son cœur. Pour Sonny, l’amour savait faire face à toutes les situations et détruisait chaque obstacle se trouvant sur son passage. « L’espoir fait vivre. » fit-il, songeur, un léger sourire sur ses lèvres. « Et l’avenir est incertain. » ajouta-t-il. Sonny avait très vite compris que Silver aimait contrôler toute son existence et qu’elle ne laissait peu de place, si ce n’est pas du tout, au hasard et aux imprévus. Cependant, il fallait se rendre à l’évidence : ce n’était pas totalement possible. Lorsque Silver commença à énumérer les villes où elle avait vécues, Sonny se mit à l’imaginer, marchant sur les trottoirs de ces grandes villes. Voyager, c’était l’un de ses plus grands rêves et la jeune femme avait eu cette chance. Un sourire rêveur scotché sur ses lèvres, il lui répondit. « Tu comprendras bien vite que Sand Valley a un petit quelque chose en plus. Quelque chose d’introuvable dans toutes les villes que tu as jadis visitées. » Le ton employé se voulait déterminé et assuré. Cependant, Sonny n’était pas convaincu de ses propres paroles. Il évoquait là son rêve de voir la jeune femme changer d’avis à propos de la ville, rien de plus. Mais ce n’était pas quelques mots qui allaient avoir un effet sur elle, il en était très conscient.

La conversation dévia sur le livre qui fascinait tant la jeune femme avant l’arrivée de Sonny. Celui-ci désirait effectivement connaître les goûts de Silver, et la moindre petite information pouvait s’avérer importante. C’est pourquoi il prit son courage à deux mains pour l’interroger. Il n’était pas du genre à interrompre la lecture de quelqu’un, et encore moins de l’être aimé. Silver était particulière et il ne savait pas comment elle pouvait réagir face à une telle question. Aussi surprenant soit-il, elle poussa l’ouvrage jusqu’à lui et fit un commentaire. Attentif, il écouta – ou but, plutôt- les paroles de la jeune femme. Les yeux rivés sur la quatrième de couverture du livre, Sonny lit rapidement les mots inscrits avant de reporter son attention sur Silver. « Mon humaniste écœurant est ma raison de vivre. » répondit-il naturellement, d’une manière on ne peut plus sincère. « Mais je suis ouvert d’esprit. Alors je m’y pencherais. Pour toi. » ajouta-t-il, ses joues rougissant légèrement. Pour elle, oui, il n’hésiterait pas une seule seconde à lire un livre qui ne lui correspondait pas.
Silver a écrit:
Ses lèvres se fendirent inconsciemment d'un sourire mi-attendri, mi-agacé tandis qu'elle écoutait Sonny déclamer ses grandes pensées teintées d'optimisme. Sérieusement, elle s'interrogeait en permanence sur sa capacité à être si positif en permanence. Elle ne comprenait pas et ne comprendrait sans doute jamais cette aisance à tout prendre du bon côté. La vie était moche, pourtant. Il suffisait d'allumer la télévision cinq minutes à n'importe quelle heure de la journée pour s'en rendre compte. L'humanité n'était rien de plus qu'un vaste dégueulis répugnant. La lie de ce monde. Partout, ils agissaient comme des bêtes et les bonnes actions d'une minorité ne suffisaient pas à rattraper ce carnage. Silver ne rêvait à rien de moins qu'assister à l'éradication de cette espèce imparfaite. Elle-même se considérait comme profondément altérée : elle avait tué, menti, volé, fui. Elle ne valait certainement pas mieux que la majorité mais contrairement à eux, la belle slave avait pleinement conscience de cette condition. La première affirmation de Sonny lui arracha l'espace d'un instant une moue perplexe. Peut-être que l'espoir faisait vivre les gens comme lui mais ce qui l'avait maintenue en vie, c'était le contraire. La lucidité. Celle qui vous faisait doucement comprendre que rien de bien ne vous arrivera jamais et qu'il allait faire avec. Qu'il faudra se battre pour exister. Si Silver avait compté sur l'espoir quelconque que sa condition s'améliorerait au lieu de prendre sa vie en main (pour la détruire, certes), elle serait sûrement morte aujourd'hui. Au sens littéral du terme. Quant au caractère incertain de l'avenir... elle ne pouvait qu’acquiescer et c'est d'ailleurs ce qu'elle fit, dodelinant vaguement de la tête. « Et quelle est cette chose ? » s'enquit-elle naturellement, laissant ses iris glaciales couler du regard pétillant de Sonny jusqu'à son sourire rêveur de grand idéaliste. « Je veux dire, en dehors de l'OVNI qui me fait face. » ajouta-t-elle d'un ton moins ferme. Parce que si Sonny la trouvait singulière, la réciproque était particulièrement vraie. Silver n'était pas habituée à fréquenter ce genre d'individu. D'ailleurs lorsqu'elle avait pris place dans la voiture, qu'il l'avait assaillie de questions pour ensuite geindre parce qu'elle osait allumer une cigarette, la blonde n'attendait qu'une chose : le premier arrêt pour s'enfuir sans se retourner. Tout ce qu'il faisait déclenchait en elle un agacement palpable. Mais... étrangement, après ce périple de plusieurs jours, cet énervement qui lui serrait la gorge se transforma doucement mais sûrement en espèce de tendresse rassurante. Qui ne semblait pas décider à la laisser en paix.

La slave s'attendait à ce que Sonny tique face à son humanisme écoeurant mais il n'en fit rien. Elle ne l'avait d'ailleurs jamais vu s'emporter. Comment était-ce possible ? Certes, elle non plus n'était pas connue pour ses colères mais dans son cas, c'était différent. L'indifférence qu'elle éprouvait pour tout et tout le monde l'empêchait de prendre les choses à coeur et d'avoir envie d'hausser le ton pour elles. Les seules et uniques fois qu'elle avait laissé la haine s'insinuer en elle, il lui fut bien impossible de réfréner cette montée de violence et tout s'était terminé dans le sang. Au sens propre. A croire qu'il était plus prudent de laisser Silver dans son incapacité d'éprouver des sentiments, n'en déplaise à ceux qui tâchaient de les éveiller. La belle blonde était trop instable pour eux. Elle ne ressentait rien mais lorsque c'était le cas, tout se montrait affreusement disproportionné. Douloureux. Et impossible à contrôler. « Tu me diras ce que tu en auras pensé. Ton avis sera sûrement... original. » et à l'opposé du sien, bien sûr. Le silence reprit ses droits et Silver n'essaya pas de le briser. Elle l'aimait bien plus que les bavardages. Mais néanmoins, Sonny la poussait à faire des efforts de façon inconsciente, sans même qu'elle n'y réfléchisse. Ce n'était qu'une fois que les paroles glissaient d'entre ses lèvres que Silver se rendait compte de l'ascendance du garçon sur elle. Ce qui s'avérait plutôt déstabilisant. Et donc déplaisant. « Tu n'en a pas assez d'être toujours aussi gentil ? Il n'y a jamais un moment où tu as envie de hausser le ton ou de montrer ton désaccord ? » Silver tâchait de le sonder de ses yeux inflexibles, attendant sa réponse. Ses interrogations fusèrent rapidement, sans qu'elles ne puissent les retenir. En réalité, elle ne comprenait pas pourquoi Sonny se montrait toujours doux et compréhensif à son égard alors qu'elle n'en méritait clairement pas tant. Elle-même n'était pas douée pour ce genre de comportement et n'arrivait pas à saisir ce qui poussait le futur médecin à poursuivre dans cette voie.
Sonny Fitzgerald a écrit:
Sonny n’avait jamais été très sûr de lui, si ce n’est dans ses études. Fonçant tête baissée dans ces dernières, il avait su, dès qu’il eut posé les pieds sur le campus, qu’il réussirait à décrocher son diplôme. Il s’en était donné les moyens, sacrifiant sans réfléchir sa vie sociale et sa jeunesse pour ne penser qu’à l’avenir. Certaines personnes disaient qu’il était stupide d’agir de la sorte, que c’était maintenant ou jamais qu’il fallait profiter de sa vie. Sonny n’était pas d’accord : l’avenir était l’endroit où tout le monde allait, et c’était au présent qu’il fallait y penser. Sonny ne voulait rien gâcher et désirait plus que tout se préparer un avenir parfait à ses yeux. S’envoler pour l’Afrique et soigner des enfants et des familles entières dans le besoin, un rêve, une mission qui donnait un sens véritable à sa vie. Qu’importe la pauvreté du continent ou les batailles qui y naissaient et s’envenimaient. Sonny ne voyait que la détresse des êtres humains et tout le reste semblait invincible à ses yeux. L’espoir de poser une pierre à l’édifice, d’être utile et de laisser une trace sur cette Terre était ce qui le faisait vivre encore et encore. L’amour, le partage, la joie et l’espoir… tant de sentiments qui pouvaient faire de grandes choses, le jeune Fitzgerald en était persuadé et rien ni personne ne pourrait lui en faire démordre. Pas même Silver et l’amour qu’il lui portait. Face à elle, Sonny était gêné, mal à l’aise et peu assuré. Sa confiance sans faille qu’il possédait dans ses études l’avait totalement quitté. Devant une femme, il n’était plus tout à fait le même. Un seul regard posé sur lui suffisait à faire chavirer son cœur et chaque fois que Silver le fixait sans broncher, sa gorge devenait sèche. La sensation de ne plus savoir où il allait, ce qu’il fallait dire et ce qu’il fallait ne pas faire le possédait entièrement. Face à la jeune femme, il était faible. Pourtant, s’il y a bien quelque chose qui ne l’atteindrait pas, c’était la vision des choses de Silver. Elle avait un avis bien tranché sur la condition humaine et la vie en général. Sonny avait la sienne, et il ne changerait pas d’avis. Toute son existence avait construit sa façon de pensée et même l’amour aurait bien du mal à tout démolir. Ses convictions étaient bien plus fortes que lui dans pareil instant. Et c’était cette poussée puissante qui lui permettait d’entretenir une conversation digne de ce nom avec Silver. Il ne bredouillait quasiment pas et parvenait à garder son regard dans celui de la jeune femme. Un exploit en soi. « Je ne suis pas unique. » répliqua-t-il. Des hommes comme lui, il y en avait à la pelle dans le monde entier, et si Silver n’en avait pas encore croisé un, c’est qu’elle n’avait pas bien ouvert les yeux. Les joues rougissantes, il ne pouvait cependant pas s’empêcher de répéter encore et encore les paroles de la jeune femme dans son esprit. Elle le trouvait donc différent. Venant de sa part, cela sonnait presque comme un compliment. L’interrogation de Silver resta sans réponse. Parce que ses précédents propos résonnaient en Sonny mais aussi parce qu’il ne savait quoi dire. Il ne savait pas lui-même ce que Sand Valley avait de spécial, mais il avait senti la chose. Il était difficile de débattre sur une sensation.

Le regard du jeune Fitzgerald glissa sur son plateau, et plus particulièrement vers son hamburger. Depuis qu’il avait engagé une conversation avec Silver, il n’avait plus osé le toucher. Il devait sans doute être froid mais il avait payé pour et devait bien se résoudre à paraître stupide et légèrement affamé devant Silver. Ce n’était pas très glamour de voir quelqu’un s’enfiler un hamburger sous ses yeux, mais tant pis. Ils se trouvaient tout deux dans un fast-food après tout. Tout en écoutant la jeune femme lui parler, Sonny croqua donc plusieurs bouchées dans son hamburger, les yeux toujours rivés sur le plateau pour ne pas croiser le regard dégoûté de Silver. C’était dingue combien une femme pouvait lui faire perdre tout moyen et consistance. Il n’osait même plus manger de peur de la décevoir. Risible. Un avis original sur le livre de Sartre ? Sonny repassa aussitôt en boucle le « compliment » de Silver sur sa différence. Il ne comprenait définitivement pas pourquoi elle disait une chose pareille : il n’était pas unique, différent ou même original. Il était lui-même, et des hommes comme lui se trouvaient dans chaque ville. Secouant la tête, il manqua de s’étouffer avec son hamburger lorsque Silver le questionna à nouveau. Ainsi donc, voilà pourquoi elle le qualifiait d’OVNI. Reposant son repas sur le plateau, il avala ce qu’il avait en bouche puis passa une serviette en papier sur ses lèvres, avant de répondre. « Pourquoi j’en aurais assez ? » Désormais, il la fixait et semblait comme aimanté par les yeux mystérieux et fascinants de Silver. Il était curieux de connaître la véritable pensée de la jeune femme à son égard. « J’ai toujours été comme cela, je ne vois pas pourquoi je désirerais changer. » Il n’avait jamais aimé que l’on parle de lui et que l’on fasse de sa personnalité un sujet de conversation, mais avec Silver, les choses semblaient différentes. « Hausser le ton n’est d’aucune utilité. » répondit-il tout d’abord, puis après une pause de quelques secondes, il continua. « Quant à montrer mon désaccord, cela m’arrive. Je n’aime juste pas imposer mon avis. Chacun a le sien et il n’y a pas besoin de s’emballer pour si peu. » Il n’était pas toujours d’accord avec tout, fort heureusement. Mais Sonny était le genre de personne à écouter chaque opinion avant de donner la sienne calmement. Si la personne ne semblait pas propice à se ranger de son côté, il s’en fichait pas mal, du moment qu’il était lui-même convaincu de son propre avis. Il n’avait rien à prouver à personne et chacun vivait comme il l’entendait. « Ne pas s’énerver ne veut pas dire n’avoir aucune opinion et accepter tout. On peut dire les choses calmement, sans vouloir forcément faire changer d’avis l’autre personne. Je suis convaincu de mes propres avis, et cela me suffit amplement. » Il haussa les épaules. Sonny n'avait jamais été du genre à vivre exclusivement avec le regard et jugement des autres. Il savait où il allait et qui il désirait être, et c'était bien là suffisant.
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Marylou Odair

Marylou Odair


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MessageSujet: Re: Anciens topics Sonny + Silver   Anciens topics Sonny + Silver Icon_minipostedSam 19 Oct - 9:13

Killing the lambs. [R.]

Invité a écrit:
Le petit hobbit disgracieux qui tenait ce motel minable devait être sacrément mal baisé pour se montrer aussi désagréable et moralisateur avec elle. Ajoutez à ce portrait peu flatteur sa totale ignorance envers d'aussi doux mots à l'oreille que Pucci, Louboutin ou Eres et vous comprendrez bien le profond mépris que ressentait Daisy pour ce rouquin teigneux dont elle préférait oublier le nom. Alors qu'il refusait catégoriquement sa façon bien à elle de régler sa note, elle se pinçait les lèvres, offusquée et à deux doigts de lui crier dessus tant sa frustration atteignait un niveau rarement atteint. Savait-il seulement qui elle était ?! Oh non, sa consanguinité le privait sûrement de capacités intellectuelles suffisantes pour suivre un film décent à la télévision. Bon, Daisy ne pouvait pas griller sa couverture en affirmant son statut au premier déficient mental qui se dressait sur sa route, cela n'était pas le plan. Elle souhaitait s'évaporer et disparaître à tout jamais. Sand Valley était l'endroit rêvé pour cela. « Très-bien. », commença Daisy lentement d'un ton affreusement condescendant, comme si elle s'adressait à un enfant récalcitrant ou profondément demeuré. Prenant garde à bien détacher la moindre de ses syllabes tandis que ses yeux océans fusillaient du regard Jasper, elle conclut, théâtrale au possible. « Vous avez gagné, je ne resterai pas une minute de plus ici. » Le toisant avec dédain, Daisy récupéra son stiletto avec la grâce d'une ballerine avant de se chausser pour tourner élégamment les talons dans une pose dramatique du plus bel effet. Comme si Jasper allait regretter jusqu'à la fin de ses jours de ne pas l'avoir retenue. Et c'était le cas, n'est-ce pas ? Fière de sa sortie tonitruante, Daisy prit soin de récupérer ses lourdes valises avant de quitter définitivement ce taudis.

Huit martinis (offerts) plus tard et deux rails de coke dans les toilettes crados de ce bar miteux, Daisy sombrait dans l'une de ses très fameuses introspections, la plupart du temps particulièrement dévastatrices. Malheureusement pour elle, aucun thérapeute payé une fortune n'était là pour apaiser ses névroses et lui répéter en boucle à quel point elle était merveilleuse. Dans ces périodes plutôt sombres, Daisy n'y croyait jamais mais faisait semblant. Elle feignait ne pas se rendre compte de l'état de déchéance dans lequel elle se trouvait et ne pas se rappeler de cette adorable gamine blonde aux noeuds dans les cheveux, toujours polie et désireuse d'aider, dont le seul rêve était de devenir une danseuse étoile aussi douée que ses idoles. Daisy ignorait l'alcool qu'elle ingurgitait de plus en plus régulièrement et ses crises d'hystérie sans cesse plus rapprochées. Mais parfois, cette angoisse sourde et ce spleen profond la prenaient bien trop violemment pour qu'elle puisse prétendre. Sa vie était une calamité. Elle était profondément malheureuse, seule et incomprise et s'entêtait à rejeter tout et tout le monde, ne s'entourant que de losers opportunistes et autres cas sociaux profiteurs. Ceux-là mêmes, toujours prompts à la flatter et à l'enfoncer un peu plus profondément dans le gouffre débauché qu'était sa vie. L'envers du décor puait profondément et elle s'était laissée happer par un milieu bien trop néfaste pour la petite provinciale candide qu'elle avait été. Un jour. Toute à ses démons, Daisy ne s'était même pas rendu compte que le bar fermait. Il était trois heures du matin, elle était seule avec quatre valises et personne chez qui s'échouer. A Los Angeles, on se serait battu pour la recevoir. Ici, elle n'était qu'un parasite inutile, incapable de s'intégrer dans cette masse qui la révulsait profondément. Ravalant sa fierté et ignorant les cris de détresse de sa dignité, ses pas hagards la menèrent naturellement devant l'imposante bâtisse des Fitzgerald. Sonny était la première personne qu'elle avait rencontré ici. La première à qui elle avait menti sur son identité, aussi. Et la seule qui ne lui inspirait pas uniquement un profond mépris. Oh bien sûr, il l'agaçait avec ses grands idéaux et ses bouclettes affreusement niaises. Mais Fitz lui rappelait aussi la simplicité de sa vie d'avant, sa fraîcheur perdue et son premier fiancé, envolé lui aussi. Daisy l'avait aimé avec la force des premiers émois et il l'avait quittée tandis qu'elle se muait peu à peu en monstre capricieux et égocentrique. Alors même qu'il était la seule personne au monde à pouvoir empêcher cette déviance et son égoïsme grondant, Aaron avait fui lâchement et elle ne lui pardonnerait jamais. Il l'avait abandonnée, offerte, à un milieu gangrené de l'intérieur qui la dévora avant de la rejeter violemment, vidée de toute essence. Sonny ne répondait pas, bien sûr. Qu'attendait-elle ? Il était trois heures du matin. Dépitée et ne sachant absolument plus quoi faire, elle cessa de tambouriner à la porte pour s'y laisser glisser lentement. Repliant ses jambes contre sa poitrine, l'actrice essuya ses yeux rendus brillants par la drogue, imprimant sur son visage de poupée des striures de mascara dont elle n'avait cure. Si elle avait pu se regarder dans un miroir, elle en aurait eu la nausée. A la place, Daisy resta là, immobile, avant de s'allumer une énième Malboro Light.
Sonny Fitzgerald a écrit:
Trois heures du matin. En plein rêve, ou plutôt en plein cauchemar, Sonny ne désirait qu’une seule chose : ouvrir les yeux, même de manière brutale, pour échapper au monstre qui courrait derrière lui et qui ne cessait, à mesure que les secondes s’écoulaient, de se rapprocher. La fin était proche, la culpabilité se cachait sans nul doute d’être cet être vivant difforme et hideux. Une peur personnifiée derrière un monstre d’acier ; un sentiment qui vivait en Sonny depuis le fameux soir où tout avait basculé avec Lizzie. Lui qui s’était juré de voir le bon côté des choses, à savoir la certitude que son premier amour appartenait à l’histoire ancienne et que Silver était la bonne, la nouvelle, celle qui allait le rendre heureux à l’avenir. Pourtant, depuis, il avait tout bonnement évité la jeune femme. Pourquoi ? Il n’osait tout simplement pas faire le premier pas. Il l’avait embrassé au Nouvel An, et il ne s’imaginait tout simplement pas le refaire à nouveau, encore moins à cause de Lizzie. L’impulsion devait venir d’un moment magique qu’il partagerait avec Silver – un dîner dans un bon restaurant, un coucher de soleil au lac, que sais-je…-, non de son ex petite-amie. Sonny désirait faire les choses en grand, que tout soit parfait pour qu’enfin Silver baisse ses armes et dévoile ce qui se cachait derrière sa froideur apparente. Et ce n’était clairement pas en gardant à l’esprit le moment d’intimité raté avec Lizzie que tout cela allait arriver. Avouer ses sentiments à Silver dans un tel contexte le gênait totalement et c’était bien pour cette raison que Sonny ne s’était pas aventuré sur cette pente là. De toute manière, il avait assez donné actuellement dans les histoires foireuses à problèmes pour s’en rajouter davantage. Perdre Silver et la faire fuir avec son trop plein d’amour à donner achèveraient sans nul doute Sonny. Et même s’il avait toujours la solution Afrique pour oublier toute potentielle situation désastreuse, il ne souhaitait pas s’adonner à ce petit jeu et risquer gros. La prudence était parfois de mise. Quoiqu’il en soit, le silence radio de Sonny ces derniers jours à l’égard de Silver n’avait pas l’air de déranger la principale concernée puisqu’elle ne daigna pas non plus prendre de ses nouvelles. Sonny n’espérait pas autant, et c’est pour cette raison qu’il n’éprouva aucune tristesse face à ce constat. Silver était un fauve inapprivoisable, une proie qu’on ne chassait pas mais que l’on observait inlassablement avant de frapper le coup fatal. Sonny désirait apprendre à la connaître petit à petit pour enfin savoir ses attentes. Il ne voulait rien gâcher.

Lorsqu’un bruit répétitif parvint aux oreilles de Sonny, il crut d’abord à ce monstre qui continuait encore et encore à le poursuivre. Qu’elle ne fut pas sa surprise lorsqu’il constata qu’il était éveillé et en sueur dans son lit. Le souffle court, Sonny passa une main dans ses cheveux déjà bien ébouriffés avant de prendre conscience que le bruit provenait de la porte d’entrée. S’il n’avait pas oublié de fermer sa fenêtre avant de s’endormir, jamais il n’aurait pu percevoir les coups que l’on frappait contre l’objet de bois. Se redressant, Sonny quitta finalement son lit et ne tarda pas à gagner l’entrée du logis familial. Pas totalement réveillé, il mit quelques secondes avant d’ouvrir la porte. Personne, il n’y avait personne. Avait-il rêvé ? Un objet sombre posé non loin attira cependant son attention. Avançant de quelques pas, Sonny sortit enfin et alors, tout s’éclaira. Silver. Des valises. Quoi ? Silver ? Ici ? A trois heures du matin ? Pourquoi ? Comment ? Tant de questions trottaient désormais dans son esprit, mais une seule prit la forme du langage et s’échappa des lèvres du jeune homme. « C’est encore un de ses rêves, c’est ça ? » Il ne s’adressait même pas à elle, mais à une personne que lui-même ne connaissait pas. Quelqu’un qui gérait les rêves et cauchemars de chacun, qui jouait des tours aux humains pendant leur sommeil. Frottant ses yeux avec le dos de ses mains, Sonny dut se rendre à l’évidence : non seulement, Silver portait désormais sur lui un regard plutôt… étrange, mais en plus il ne rêvait pas. « Mais qu’est-ce que tu fais ici, bon sang ? » lâcha-t-il finalement, faisant glisser son regard du visage de la jeune femme sur les valises qui se trouvaient non loin d’eux. « Entre, dépêche-toi. Tu vas attraper froid dans cette tenue et à cette heure-ci. Entre, installe dans le canapé, je vais m’occuper de tes… nombreuses valises. » Non vraiment, Sonny ne comprendrait jamais pourquoi les femmes voyageaient avec autant d’affaires. Et ce, même après les nombreuses explications de Chris à ce propos.
Invité a écrit:
Lorsque la porte s'ouvrit sur la silhouette ensommeillée de Sonny, Daisy aurait préféré avoir l'habilité de devenir transparente, comme l'un de ses premiers rôles : une héroïne de comics sexy transportée dans le monde réel. A.k.a une série b particulièrement minable dont le cachet avait fait peine à voir. A cet instant précis et malgré son immense complaisance à son égard parce qu'elle s'adorait, Daisy aurait souhaité se foutre des claques. Et pas qu'une. Pourquoi était-elle venue s'échouer ici précisément ? Pourquoi n'était-elle pas restée dans ce bar miteux, en attendant qu'un client désoeuvré lui propose de passer la nuit à ses côtés ? Excellente question. Daisy n'était pas rompue aux hommes comme Sonny. Elle ne les attirait pas et ils s'approchaient rarement d'elle. Tant mieux, parce qu'elle n'aurait su que faire de leur gentillesse encombrante. Le seul homme de cette trempe que la belle blonde avait fréquenté n'était nul autre qu'Aaron, son premier amour, et cela s'était soldé par le plus cuisant des échecs. Derrière leurs stupides valeurs, ils s'avéraient aussi cruels et mesquins que n'importe quel homme. Depuis cette déception qui l'avait bien plus blessée qu'elle ne se l'avouait, Daisy évitait comme la peste les hommes aux sourires emplis d'espoirs et respirant cette infinie douceur qui lui donnait la nausée. Incapable de s'entourer, l'actrice leur préférait les salauds sans coeur, les opportunistes de tous bords et autres losers ratés qu'elle entretenait en échange de compliments bien sentis (ou parfois, leur bêtise profonde suffisait en contrepartie. Daisy adorait posséder ses bouffons personnels). Bref, rien n'expliquait cette soudaine impulsion qui avait mené son corps épuisé jusqu'à devant chez Sonny. Elle se sentait misérable et ridicule maintenant que ses yeux la dévisageaient, incrédules. Merde. Qu'est-ce qu'elle faisait ici ? C'était une excellente question. « J'en sais rien. » marmonna-t-elle d'une voix éteinte avant de se racler la gorge dans une tentative (complètement vaine) de retrouver un peu sa contenance en même temps que ses esprits. Relevant ses yeux brillants sur la silhouette de Sonny, Daisy se redressa avec une grâce insoupçonnée pour une fille dans son état avant de retrouver à la hauteur de Fitz. Manquant trébucher une fois debout, l'actrice avait la  vague impression que le monde entier tanguait sous ses pieds et elle se raccrocha péniblement à la première chose qu'elle put saisir : le bras de Sonny. Pressée contre lui pour retrouver l'équilibre, Daisy se laissait bercer par les battements de coeur affolés du garçon. Les yeux mi-clos, elle savoura le silence reposant quelques secondes avant de le briser d'une voix bien plus faible qu'habituellement. Pour une fois, elle n'essayait ni de la rendre particulièrement suave et ne s'égosillait pas non plus dans l'une de ses très fameuses crises d'hystérie. « J'avais nulle part où aller... » Cet aveu pathétique lui donna une nouvelle fois envie de se faire taire ou bien de se frapper la tête contre le mur, au choix. Elle était ri-di-cule et son comportement s'apparentait à tout ce qu'elle répugnait en règle générale. Daisy était une actrice adulée, une fille forte et égocentrique, voguant de fêtes en soirées, sans cesse avec un sourire à s'en décrocher les mâchoires et de quoi mettre l'ambiance jusqu'au bout de la nuit. Cette gamine faiblarde ne lui ressemblait pas du tout. Ca, c'était son ancien eratz, la mioche sentimentale de l'Arizona qu'elle avait abandonnée pour aller s'offrir aux dieux du cinéma. C'était la faute de Sonny si elle ressortait ce soir pour aller s'écrouler contre lui. Merde (again).  « J'ai pas besoin que tu me maternes ! » grommela-t-elle à l'attention du garçon, en relevant ses grands yeux topazes sur les siens en une jolie moue offusquée des plus réussies. Malheureusement pour elle, sa voix n'était pas aussi froide et distante qu'à l'accoutumée et Daisy savait qu'elle n'arriverait pas à énerver Sonny, ou à lui arracher autre chose qu'un sourire moqueur. Même lorsqu'elle se montra imbuvable avec lui, lors de leur périple, à critiquer tout et son contraire (la musique, sa conduite, les motels où il osait l'emmener, la nourriture qu'il achetait et même sa façon pénible de se passer sans cesse la main dans les cheveux), Fitz n'avait jamais pris la mouche. Il souriait, simplement et c'était encore plus agaçant. Malgré ses protestations, l'actrice se retrouva rapidement pelotonnée dans l'imposant canapé du salon. Etalée de tout son long, sa robe trop courte remontée innocemment le long de ses cuisses laiteuses, Daisy accepta sans rechigner la tasse de chocolat chaud que lui tendait Sonny. Elle n'en avait pas bu depuis des années... depuis son enfance, en réalité. Et cette vulnérabilité qu'elle se découvrit à l'instant même où elle but la première gorgée était déstabilisante. Éprouvante, même. La belle blonde se détestait d'avoir l'alcool si triste ce soir et elle méprisait royalement Fitz  de lui faire baisser les armes avec une facilité déconcertante. Elle avait passé ces derniers mois à ériger un mur infranchissable entre elle, l'actrice désagréable et lui, l'idéaliste niais. Pourtant ce soir, elle n'avait pas le courage et encore moins la force de colmater les failles qu'il y infligeait. Repliant les genoux contre sa poitrine, Daisy passa machinalement la main dans sa crinière blonde déstructurée (et qu'elle avait vaguement massacrée, l'écourtant d'une bonne trentaine de centimètres) avant de lâcher cet aveu, sans raison apparente. La douceur avec laquelle Sonny la couvait du regard la forçait à lui dire la vérité et ce constat l'irritait autant qu'il lui plaisait. « Je t'ai menti. Je m'appelle pas Silver, mais Daisy. J'aime la musique classique et je déteste Sartre. » Daisy reprenait le peu de choses qu'elle avait laissé échapper à son sujet : lors de leur voyage, elle était tombée sur une radio diffusant Tchaikovski et lorsque Sonny lui avait demandé si elle appréciait, elle s'était contentée d'un "non" laconique sans pour autant changer de fréquence. En réalité, le compositeur lui rappelait les ballets et la danse classique qu'elle aurait adoré poursuivre. Quant à la lecture, elle n'avait jamais fréquenté une bibliothèque avant Sand Valley. Malheureusement pour tuer l'ennui, tous les moyens était bons, même ingérer de la littérature pour bobo méprisants. Nauséeuse à cause du martini (ou de la drogue), Daisy ferma les paupières un instant, plus ou moins suspendue aux lèvres de Sonny. Elle se fichait bien du jugement des autres sur elle en règle générale, parce que l'égo de l'actrice se portait trop bien pour s'en trouver altéré. Pourtant, l'avis de Sonny semblait compter ce soir. Sûrement parce que son état d'ébriété la rendait fragile et à fleur de peau... Et contre toute attente, Daisy avait menti le moins possible au garçon, se contentant de faire planer sans cesse un mystère autour d'elle. C'était ridicule, elle n'avait rien d'une femme énigmatique et il s'en rendrait très prochainement compte.
Sonny Fitzgerald a écrit:
Sonny n’en attendait pas moins de Silver. Elle n’en savait rien. Pourquoi persistait-elle à instaurer un mystère autour d’elle et une distance entre eux ? Qu’avait-il donc fait, mis à part refuser une relation sexuelle avec elle, pour mériter cette froideur ? Fitzgerald n’en savait rien mais une chose est sûre, cette ambiance commençait à le peser. Il croyait terriblement en l’amour qu’il portait à la jeune femme mais il n’arrivait plus à démêler le vrai du faux : avait-elle éprouvé envie de lui juste comme ça ? Juste par manque ? Ou l’aimait-elle elle-aussi ? Elle lui avait donné de l’espoir sans le savoir et désormais Sonny souffrait un peu plus de son rejet. Cela dit, il n’en montra rien et garda la tête haute. Il avait promis à Chris de prendre des initiatives et d’en sortir vainqueur avec Silver, et il avait bien l’intention de tenir parole. Il avait répété encore et encore à Lizzie ses sentiments pour la jeune femme et il devait désormais lui prouver qu’il n’avait jamais menti et qu’il vivait un amour heureux avec Silver. Mais le chemin semblait long pour y parvenir. Sonny n’était cependant pas du genre à se décourager et c’est pourquoi il sourit à la réponse si froide de Silver. « On va dire que c’est le Destin qui t’a mené jusqu’à là, alors. » se contenta-t-il de répondre, prenant son air rêveur. Le manque de fatigue se fit soudainement sentir et il ne put réprimer un bâillement. Ce n’était pas la jeune femme qui ne semblait pas dans son assiette qui l’ennuyait mais ses cauchemars à répétition. Il ne savait plus comment agir, Lizzie le tracassait plus qu’elle ne devrait et il ne supportait plus de passer pour ce qu’il n’était pas. C’était bien trop facile de retourner les rôles pour mieux se faire plaindre. Si Lizzie souhaitait agir de la sorte, qu’elle le fasse mais Sonny ne s’abaisserait pas à une telle chose. Tant pis s’il devait y perdre des plumes et des heures entières de sommeil. Contemplant les traits d’ordinaire si fins du visage de Silver qui venait de lui faire face, le jeune Fitzgerald prit la vérité en pleine figure. Elle n’allait pas bien. Ce n’était pas seulement un malaise physique qui se ressentait, mais quelque chose de bien plus profond, comme une douleur qui n’arrivait pas à cicatriser. Ce constat affligeant frappa en plein cœur Sonny. Lorsque le mal touchait une personne qui lui était chère, le jeune homme partageait aussitôt sa souffrance. Il ne savait pas ce qui bousillait tant Silver mais une chose est sûre : elle avait touché à des substances illicites et avait perdu tout repère, tout équilibre. Lorsqu’elle se rattrapa à son bras après avoir manqué de tomber, Sonny serra sa main très forte sous la sienne comme pour lui montrer qu’il était là, et tant qu’il y serait, elle ne chuterait pas. Il désirait plus que tout au monde, à l’heure actuelle, devenir sa bouée de sauvetage. Posant ses yeux plein d’affection sur la jeune femme, il attendit qu’elle rouvre les siens pour lui adresser le plus beau de ses sourires. Il était si attendri, si heureux, qu’elle se soit tournée vers lui quand elle s’était sentie défaillir. Etait-ce une preuve de son amour insoupçonné ? Etait-ce un signe d’espoir pour un avenir meilleur à deux ? « Tu as bien fait de venir ici. » Quoi dire de plus ? Un peu plus, et Sonny se mettait à la remercier. Faisant taire cette envie qui sonnait si stupide, il fut content de cette décision lorsque Silver reprit la parole. Il n’aurait fait qu’aggraver les choses et énerver davantage la jeune femme. « D’accord. » répondit-il simplement, toujours le même sourire sur les lèvres. « Si tu le dis. » ajouta-t-il, persuadé qu’elle se trompait. Il la regarda alors entrer dans le logis familial et quand elle disparut de sa vue, il redoubla d’efforts physiques pour porter les nombreuses valises de la jeune femme jusqu’à l’intérieur de la maison. Une fois cette chose faite, il se dirigea vers la cuisine où il prépara, avec amour, une tasse de chocolat chaud à Silver. Elle ne semblait plus tout à fait la même, comme si la distance qu’elle s’évertuait à maintenant entre eux commençait à s’effriter petit à petit. Un sourire presque béat sur le visage, il contempla la scène avec plaisir jusqu’à ce que Silver brise le calme de la pièce et le songe de Sonny. Il manqua de sursauter. Elle venait de confesser son mensonge. Le jeune homme détestait ça, il avait grandi dans l’honnêteté et prenait toute lâcheté pour une trahison et un manque de confiance. Il aurait pu en vouloir à la jeune femme, pourtant l’amour qu’il portait en lui l’en empêchait de le faire. Mieux encore, il se surprit à lui sourire. Silver, ou plutôt Daisy, venait de se confier à lui et c’était la plus belle chose que l’on pouvait lui offrir en cette existence actuelle si sombre et si triste. Elle lui faisait confiance : elle était venue s’échouer chez lui en quête d’un sauvetage et s’était confiée. Heureux, Sonny aurait pu bondir de joie s’il avait perdu toute notion de dignité. Dieu soit loué, cela ne fut pas le cas. Tentant de rester calme, il répondit. « Je préfère Daisy, c’est un joli et doux prénom, j’aime beaucoup. » Etait-ce le genre de chose qu’elle souhaitait entendre ? Sans doute que non, mais qu’importe, Sonny n’allait pas lui mentir. Quant au reste de sa confession, le jeune homme ne souhaita pas gâcher présent. Il se leva, se dirigea vers la chaine hifi qui se trouvait non loin de là dans le salon puis appuya sur le bouton marche. Alors, une musique de Casse-Noissette s’empara de la pièce…
Invité a écrit:

Sonny ne s'imaginait même pas à quel point son comportement s'avérait troublant pour quelqu'un comme elle. Il était si conciliant, en permanence, que Daisy ne pouvait pas s'empêcher de trouver ça presque... suspicieux. Il devait forcément avoir une tare, non ? Ou alors un défaut monstrueux ? Quelque chose de si honteux/risible/ridicule/nul qu'il était obligé de se montrer en permanence prévenant et attentionné pour le faire oublier. Peut-être était-il impuissant ? Ça expliquerait bien des choses. Bien sûr, Daisy exagérait, comme à son habitude (et ce, malgré l'alcool qui embrumait considérablement son cerveau). Néanmoins, elle ne comprenait pas Sonny. Pas une seule seconde. Elle ne faisait jamais rien d'autre que se montrer désagréable avec lui (ou trop directive mais ça revenait au même) et il demeurait si... lui. Si parfait, si lisse, si serein. C'était épuisant à la longue. A sa place, Daisy se serait déjà secouée comme un prunier pour se remettre les idées en place. Elle se serait fait taire environ mille fois tant elle avait pu être insupportable en sa compagnie. Mais Sonny, lui supportait tout ça. Pire encore, il semblait même apprécier. Et l'actrice ne comprenait pas pourquoi il s'acharnait à se montrer si bon avec elle alors qu'elle ne lui rendait jamais la pareille. Elle aimerait bien, parfois. Mais la vérité, c'est que Daisy avait oublié comment se comporter avec ce genre de personnes. Dans son monde, les hommes étaient opportunistes ou égocentriques, salauds ou indifférents. Chacun n'accordait de l'attention qu'à sa gloire, ses succès, ses conquêtes. Tous avaient le regard rivé sur le nombril et rien d'autre. L'autre n'avait aucune espèce d'importance et à force de fréquenter un milieu aussi corrosif, Daisy s'était laissée consumer par lui. Pire encore, elle en avait parfaitement assimilé le comportement et rien d'autre ne comptait qu'elle-même. Malheureusement, même en se montrant si self-centrée, on ne pouvait pas dire que l'actrice était particulièrement épanouie. Acceptant sans broncher le chocolat chaud qu'il lui tendait, Daisy laissa une douce chaleur envahir ses paumes et la réchauffer. C'est drôle, avant ce moment elle ne s'était même pas rendu compte du froid qui glaçait ses os et sa peau bien trop dénudée pour la saison. A Los Angeles, le climat était bien plus doux et le soleil présent toute l'année. Incapable de tenir sa langue bien longtemps, la jolie blonde reposa un regard brillant sur Sonny - et légèrement confus.  « Pourquoi t'es si gentil avec moi ? » Sa voix rendue faiblarde par son état - presque éraillée - était bien moins moqueuse qu'elle ne l'aurait souhaitée, tandis que ses sourcils joliment froncés en la plus adorable des moues démontraient de façon parfaitement claire son incompréhension. Étonnement qui ne fit que s'accroître bien davantage après sa confession. Daisy s'était attendue à beaucoup : qu'il s'énerve, hausse le ton, lui montre sa déception, la mette à la porte, l'harcèle de questions toutes plus insignifiantes les unes que les autres auxquelles elle aurait fait semblant de répondre laconiquement (alors que la belle blonde adorait plus que tout s'épancher sur son sort) mais... qu'il accepte purement et simplement ? C'était surréaliste. Et aussi idiote soit cette réaction, Daisy était à deux doigts d'exploser. Malheureusement, elle n'en avait même pas le courage à cette heure avancée. Après une soirée à danser sur les tables avant de déprimer sur un comptoir minable, son corps n'était pas en état d'hurler et de gesticuler inutilement. La tasse à moitié vide retrouva un peu trop fermement la table basse tandis que Daisy se relevait, une main perplexe perdue dans sa chevelure blonde. Son regard bleuté s'accrocha intensément dans les prunelles sombres de Sonny tandis qu'elle secouait laconiquement son visage de poupée, bien plus perturbée qu'elle ne voulait l'admettre par la facilité avec laquelle il acceptait tout, même le mensonge. « Tu aimes beaucoup... c'est tout ?! T'as rien à rajouter ? Je sais pas, un type comme toi c'est pas censé avoir des valeurs, considérer l'honnêteté comme un espèce de trésor inviolable et m'en vouloir atrocement de ce tissu de mensonges ? Hausse le ton ou montre que tu es déçu... J'en sais rien moi mais fais quelque chose. » Quelque chose qui la déstabiliserait moins que cette bonté suintante. Daisy souhaitait hausser le ton mais en était incapable. Quelque chose la retenait et les décibels restaient coincés dans sa gorge, n'offrant à sa voix soyeuse qu'un vibrato insupportable qui lui donnait l'air d'être à deux doigts de se briser. « Tu es l'homme le plus étrange que je n'ai jamais rencontré. » conclut-elle finalement après un léger soupir résigné, de nouveau plus posée. En règle générale, l'actrice était incapable de contenir ses crises d'hystérie et ses envies de tout briser lorsque quelque chose ne se déroulait pas comme elle l'espérait. Elle ne savait dire si c'était la présence de Sonny qui lui était bénéfique ou bien si la drogue la maintenait simplement dans un état semi-végétatif mais le cocktail était rudement efficace. Et puis, pas de deux retentit dans la pièce et plus rien n'avait d'importance. Daisy ferma un instant ses paupières et se laissa emporter par la musique. Celle qui lui rappelait tant une époque définitivement révolue où une gamine godiche, insouciante et généreuse, adorait s'adonner à des arabesques folles en tutu. Elle espérait devenir un jour une danseuse professionnelle, jusqu'à ce qu'une blessure au genou la condamne à ranger ses rêves pour retourner traire les vaches de l'exploitation familiale. Instinctivement, Daisy se leva gracieusement du canapé avant de se saisir des mains de Fitz pour l'entraîner à sa suite.  « Danse avec moi. » murmura-t-elle à son intention, avant de se lover fermement contre lui, le visage niché dans sa nuque et ses bras coulés autour de son cou. Bien sûr, la musique s'y prêtait peu mais Daisy s'en fichait. Tchaikosvki l'apaisait. Toujours.
Sonny Fitzgerald a écrit:
Pourquoi était-il toujours gentil ? C’était là une bonne question. A dire vrai, la famille Fitzgerald a toujours été soudée et aimante. Entre les différents membres, il n’y a que grande affection et respect mutuel. Jamais l’un de ses parents n’avait haussé le ton à son égard, du moins rarement les discussions avaient été houleuses. Pourquoi ? Non pas parce que Sonny était un enfant parfait et qu’il ne faisait aucune erreur – ce n’était pas le cas – mais parce qu’ils désiraient qu’il vive sa vie comme il l’entendait, qu’il apprenne de ses faux pas et qu’il respecte les valeurs qui lui ont été transmises. Du moment que tout ceci était bien ancré dans l’esprit de Sonny, alors rien ne méritait que l’on se dispute à ce sujet. Le jeune Fitzgerald avait été pertinemment bien chanceux avec ses parents et il en est conscient chaque jour un peu plus. Comme si son départ prochain lui ouvrait encore plus les yeux. Ainsi donc, malgré le caractère complexe de Daisy, Sonny ne souhaitait pas hausser la voix ou se disputer avec elle. Il ne connaissait pas son existence pensée et serait mal placé pour juger de son attitude. Pour lui, les personnalités découlaient de l’enfance. Comment avait été celle de Daisy ? Il n’en savait rien et espérait l’apprendre plus tard. Mais pour l’heure, il préférait apprécier chaque instant en sa compagnie et lui montrait qu’elle pouvait compter sur lui, qu’il ne chercherait pas à la blesser et surtout qu’il désirait apprendre à la connaître davantage. Qu’elle vienne sonner à sa porte était une bonne nouvelle en soit, Sonny pourrait ainsi lui montrer toutes ses choses sans élaborer tout un stratagème maladroit. Il n’aimait de toute manière pas forcer le Destin et c’était bien pour cette raison qu’il était reconnaissant de ce dernier d’avoir mis sur sa route Daisy ce soir-là. Inviter la jeune femme à prendre place dans le canapé confortable du salon et lui apporter un chocolat bien chaud avaient sonné comme une évidence dans l’esprit de Sonny. Il n’avait rien calculé, il désirait juste le faire. L’envie de bien faire faisait partie de sa personnalité et rien ni personne ne pourra changer cela. Pas même Daisy. « Parce que je suis comme ça. Parce que j’en ai envie. Tu en as de ces questions… » lui répondit-il doucement, un sourire illuminant son visage et les yeux pétillants. Plus rien d’autre ne comptait que le bien être et le bonheur de Daisy à l’heure actuelle, mais il se garda bien de le lui dire, de peur de la faire fuir définitivement. Elle qui d’ordinaire mettait un point d’honneur à garder une distance avec Sonny avait baissé la garde en venant jusqu’à chez lui cette nuit-là. Le jeune homme savait qu’il était pertinemment chanceux sur ce coup là et profita donc de chaque seconde passée à ses côtés. Désormais, son souhait le plus cher était qu’elle se sente comme chez elle et qu’enfin, elle sourit. Son visage était encore plus joli lorsqu’une expression de joie s’emparait de celui-ci. Non, Sonny n’avait jamais vraiment observé cela chez Daisy, mais souvent il s’était imaginé cette scène. Il savait. Il le sentait. Daisy serait encore plus belle qu’elle ne l’était déjà avec un sourire dessiné sur les lèvres.

Lorsqu’elle lui confia sa véritable identité, Sonny aurait pu s’énerver ou ressentir une forte déception. Pourtant, il n’en fut rien. Il était si heureux de la voir ouvrir son cœur, lui avouer quelques petits détails sur sa vie privée, qu’il se retient presque de la serrer dans ses bras. C’était la première fois que Daisy agissait de la sorte en sa compagnie. Il l’aimait, il était sûr de ses sentiments depuis un petit moment maintenant, et ce retournement de situation fit battre davantage son cœur. Etait-ce un signe ? Il n’en savait rien mais espérait fortement. Cependant, ne voulant rien gâcher, il ne fit rien et continua de la regarder avec le même sourire béat. Il se risqua à un compliment, sachant cependant que Daisy ne l’apprécierait pas à sa juste valeur. Tant pis, il ressentait le besoin de le lui dire, pour ne pas que son aveu s’envole à tout jamais : il ne fallait pas laisser l’occasion de s’échapper. Malheureusement, la jeune femme se leva d’un coup pour se planter face à lui. Cela ne présageait rien de bon. Sonny était lassé des conversations houleuses qu’il avait eues dernièrement avec Lizzie (c’était la première fois de sa vie que cela lui arrivait et il acceptait difficilement la situation difficile dans laquelle il se trouvait jusqu’au cou), et ne souhaitait guère que ce moment presque magique tourne mal. Si Daisy était agacée par son comportement, il ne changerait pas celui qu’il était. Mieux encore, il lui prouverait qu’elle avait tort de penser de la sorte. C’est pourquoi, une fois de plus, il accueillit bien les propos de la jeune femme qui cherchait à le provoquer. « Effectivement, j’ai des valeurs et l’honnêteté est l’une des choses les plus importantes à mes yeux. Tu as réparé tes erreurs ce soir et c’est tout ce qui compte, Daisy. » répondit-il simplement, avançant de quelques pas vers la jeune femme afin de se tenir droit devant elle. Puis, aussi surprenant soit-il, Sonny posa sa main sur la joue de Daisy et la caressa doucement. Ne lui avait-elle pas demandé de faire quelque chose ? Et bien voilà tout ce que le jeune homme désirait faire en cet instant précis. Lui montrer qu’il ne lui en voulait pas, bien au contraire il appréciait ses aveux aussi soudains soient-ils. Lorsqu’il laissa retomber son bras le long de son corps, Sonny recula de quelques centimètres. « Je prends cela comme un compliment. » Il rit doucement. Etre étrange, cela voulait dire ne pas être comme les autres et avoir un certain effet sur une personne. Du moins, aux yeux de Sonny. Et c’était parfait. Mais ce qui dépassa outre mesure la perfection fut la scène qui suivit : après avoir mis en fond sonore l’une des célèbres musiques du ballet Casse Noisette, Sonny vit une lueur différente dans les yeux de Daisy. Il l’avait touché en plein cœur, cela en crevait les yeux. Pourtant, il n’aurait jamais imaginé que la jeune femme lui demande de danser et serre son corps contre le sien. Cette nuit-là était définitivement magique. Sonny se pensait presque au paradis. A moins qu’une fois de plus, tout ceci n’était qu’un rêve ? Pourtant, l’odeur de la jeune femme lui chatouillait les narines : tout n’était que réalité. Légèrement timide, Sonny hésita avant de poser ses mains sur la taille de la jeune femme. Tournant doucement sur eux-mêmes, ils restèrent dans cette position jusqu’à ce que la musique cesse. Intérieurement, Sonny regretta qu’elle ne dure pas plus longtemps : il ne voulait pas mettre un terme à leur proximité, il souhaitait encore et encore savourer l’instant présent. Daisy avait baissé sa garde, rendant davantage amoureux Sonny. Cette danse avait ouvert les yeux de Sonny. Il ne s’était pas trompé. Elle était la femme qui lui fallait, la femme qui pourrait le rendre heureux. Même si son caractère était complexe, ils pouvaient se compléter et leurs points communs les rapprocheraient fortement. Mais plus que jamais, cette proximité corporelle avait permis à Sonny de se rendre compte de la fragilité de la jeune femme. Malgré le silence qui régnait dans la pièce, le jeune homme n’enleva guère ses mains des hanches de Daisy. Il ne bougea pas d’un millimètre, ne voulait pas mettre un terme à cette danse. « Merci » murmura-t-il soudainement à l’oreille de la jeune femme, sans qu’il ne puisse vraiment contrôler son geste. Merci pour les aveux, merci pour cette danse, merci d’avoir baissé la garde et d’être venue à lui. Merci d’être là et merci de faire battre son cœur, de le rendre davantage fort après la tornade Lizzie. Merci pour tout. Il ne confia cependant pas toutes ces pensées. Sonny savait malheureusement que cette magie ne durerait pas bien longtemps : Daisy allait se rendre compte de sa faiblesse soudaine et s’énerver à nouveau comme lui. Peut-être même allait-elle prendre la fuite, s’en voulant pour cette danse. Le remerciement de Sonny sonnait alors comme une conclusion heureuse.
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